Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
exercices de philosophie
20 mars 2006

Sartre - ~Nous disons que quand l'homme se choisit, il choisit tous les hommes.

Quand nous disons que l'homme se choisit, nous entendons que chacun d'entre nous se choisit, mais par-là nous voulons dire aussi qu'en se choisissant il choisit tous les hommes.
Jean-Paul Sartre
L’existentialisme est un humanisme.


Le bien, c’est ce qu’il faut faire. Malheureusement, les hommes ne sont pas toujours d’accord sur ce qu’il convient d’appeler le bien. Chacun a son opinion, un petit peu différente de celle du voisin. Mais le voisin voit notre opinion et cela l’influence. Mes valeurs sont plus proche des valeurs de mes proches, que j’aime que je respecte que des valeurs de ceux dont j’ignore tout. Mes proches, en choisissant quelles étaient les valeurs qu’il fallait suivre ont aussi choisi mes valeurs. Bien sûr je peux avoir mon idée propre, et m’éloigner du chemin qui m’est tracé, mais pas tant que ça. L’influence de mes proches sur moi est grande, et plus que je ne crois.
Par chacune de mes actions, je deviens malgré moi un exemple. Un exemple qui peut être suivit. Si je suis responsable de mes actes, je suis aussi responsable de mon image et de l’influence de mon image sur les autres. Quand j’agis, sans y penser je choisis aussi une loi. Si je crie sur un enfant grossier, je montre à tous les enfants que la grossièreté mérite d’être décrié. Et même quand personne n’est avec moi, moi-même je vais suivre mon exemple. Quand je bois trop, je risque l’alcoolisme. Chaque habitude que je prends, j’aurais du mal à la changer : si elle est mauvaise, je devrai faire avec ou m’épuiser à la combattre.
Bien sûr il est possible que les enfants, si je crie trop, décident étant devenu grand de ne pas crier comme ça sur les enfants grossiers. Il s’agit là d’une loi de la pensé, qui dit:  « Devant un comportement inutilement exagéré, il vaut mieux adopter le comportement inverse », c‘est la loi du contre-exemple. On peut croire que je n’ai pas choisi que ces enfants plus tard ne suivent pas mon exemple, parce que j’ignorais (ne pensais pas à) cette loi du contre-exemple. Mais en réalité j’ignore presque toutes les lois qui agissent dans les hommes. Mais nul n’est censé ignorer la loi. La loi est là, que je le veuille ou non, que je la connaisse ou non, que j’en tienne compte ou non. Dans tous les cas j’agis avec la loi. La nature prend des chemins détournés pour faire mûrir l’humanité, laissons là suivre son chemin, et revenons au notre.
Bien sûr, beaucoup de mes actes ne seront pas des exemples pour le reste de l’humanité, car l‘humanité ne me regarde pas. Bien sûr la plupart des bêtises que j’ai faites ont été aussi pour moi des occasions de comprendre pourquoi il ne fallait pas les faire, car j’ai vu leurs conséquences.
Faudrait-il donc laisser faire des bêtises?
Être responsable de tous les hommes, c’est accablant, et c’est au-dessus de mes forces. D’ailleurs comment puis-je être responsable de tous? J’ignore tant de choses! Comment pourrais-je assumer mes futures erreurs si elles concernent toute l’humanité? Je ne suis pas assez grand! Et combien de personnes n’ont-elles pas payé de leur vie leurs erreurs? Pourtant l’humanité n’est pas morte, serais-ce donc que leurs erreurs n’ont pas vraiment engagé toute l’humanité!

Les réponses à ces objections sont complexes, et le texte de la conférence de Sartre d’où cette phrase est extraite n’a pas vocation à être un communiqué philosophiquement rigoureux.
La teneur des objections se résume dans l’idée que nos actes ont des conséquences d’autant plus inattendues qu’elles sont lointaines. Mais il faut se souvenir que toute valeur en acte est une valeur en situation. Ce n’est pas parce que je mens un jour que je mentirais toujours. Je peux avoir de fortes raisons de mentir, par exemple à une personne mourante sur son état de santé. Les valeurs en actes sont en vie, en débat et en dialogue et en combat aussi. Interpréter les motivations, les intentions d’un acte n’est pas une chose simple. Pourtant cela se fait, qu’on le veuille ou non. On ne peut s’empêcher de chercher des réponses, même quand on espère pas en trouver de définitives.
Je voudrai me cacher derrière le fait que si ma décision est mauvaise alors mon exemple ne sera pas suivit? Je me dis que si je suis mauvais, j’aurai au moins le mérite d’être un mauvais exemple? Mais je serai aussi une tentation, et trop d’autres suivront mon mauvais exemple au lieu de le fuir sainement. Se cacher derrière notre imperfection pour ne pas choisir, c’est dire qu’on est inutile, voire nuisible. Je ralentis la marche du monde en n’allant pas vers le bien.
Mes valeurs ne sont adaptées qu’à un temps. Quand mon époque sera finie, mes valeurs n’auront plus de raisons d’être. Pourquoi me contraindrais-je à faire le bien en attendant? Je peux et je dois me contraindre à faire le bien pour donner à mon époque les moyens de vivre plus longtemps. Je  me contrains à faire le bien pour donner les moyens à mon époque d’enfanter dans les meilleures conditions l’époque qui viendra. Les Grecs ont défendu l’esclavage et la démocratie. S’ils n’avaient pas défendu l’esclavage, ils n’auraient pas été assez puissants. S’ils n’avaient pas été esclavagistes, ils n’auraient pas pu faire la démocratie parce qu’ils seraient morts. Ce n’était pas leur problème de savoir si ce serai la valeur « esclavage » ou « démocratie » qu’ils nous laisseraient en héritage. Ils ont fait les deux, nous avons gardé le meilleur. Agissons selon les valeurs que nous pensons les meilleures, certaines seront ridiculisées, voire combattues dans les siècles à venir. Mais certaines de nos valeurs survivrons, et ce sera notre gloire. Ce n’est pas à nous de tout choisir, mais nous devons quand même choisir le mieux pour nos enfants, pour notre éternité.

Publicité
Publicité
Commentaires
exercices de philosophie
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité