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exercices de philosophie
15 juin 2006

Nietzsche - “Sois au moins mon ennemi!”—ainsi parle le respect véritable, celui qui n'ose pas solliciter l'amitié.

``Sei wenigstens mein Feind!'' - so spricht die wahre Ehrfurcht, die nicht um Freundschaft zu bitten wagt.
Also sprach Zarathustra

 

“Sois au moins mon ennemi!”—ainsi parle le respect véritable, celui qui n'ose pas solliciter l'amitié.
Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra - De l’Ami


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Nous cherchons parmi les choses et les hommes, ceux avec qui nous voudrions vivre. Comment choisissons-nous nous nos compagnons ? Nous pouvons les choisir en réfléchissant, comme un homme politique choisit ses alliés parmi ceux qui lui seront utiles.

 

Oserais-je prier celui qui m’inspire le respect d’être mon ami ? Peut-être que non, peut-être est-ce trop demander, mais pour compagnie je peux avoir soit des ennemi soit des amis.

 

Mais le respect, qu’est-il ici ? On voit bien qu’il n’est pas très volontaire, que tout au plus on peut faire l’effort de chercher à en prendre conscience, sans que nous puissions le voir là où il n’est pas. On pourra croire un instant que respecter quelqu’un, c’est le voir comme meilleur que nous-même, un peu comme un enfant regarde l’adulte, en sentant à la fois qu’il peut devenir comme lui, et qu’il ignore comme faire. Mais l’enfant est un adulte en puissance, tandis que je ne deviendrais jamais semblable à mon ami, je ne le veux même pas, moi qui veux devenir moi-même ! Ce respect n’est pas non plus celui du serviteur au maître, car le serviteur s’oublie devant le maître, tandis que devant mon ami je veux donner le meilleur de moi-même, et non pas seulement ce qu’il attend de moi. Ce respect serait-il alors le respect de l’homme envers sa bête domestique ? Ça c’est une bienveillance attendrie qui me donne le plaisir de sentir combien il facile d’être gentil avec un inférieur, combien la nature m’a donné de supériorité.

 

Mais je cherchais le respect dans une sorte de but commun. Ce but est une fois l’éducation de l’enfant qui le rend adulte, et dans laquelle le respect sert d’exemple, une autre fois le service du maître, où le respect permet l’efficacité en empêchant de débattre les ordres, une autre fois encore le respect est un altruisme qui me fait préférer l’accomplissement de l’autre au mien- propre. Si le respect n’est pas toujours présent dans ces relations, il peut l’être à partir du moment où se respect soi-même en ne cherchant pas à devenir l’autre. Le respect s’impose de lui-même, aucune loi ne peut forcer à respecter, et le respect seul n’est jamais une occasion de se croire moins important que l’autre.

 

Mais n’y t a il pas encore du respect dans l’adversité ? Ne sommes nous pas stupéfait et plein d’humilité devant les volcans et les ouragans contre lesquels nous luttons pourtant ? Le guerrier n’a-t-il pas, au cœur de ses pensées, un adversaire dont la force est un défi ? Plus encore : nul guerrier ne tira jamais sa gloire d’avoir vaincu dans des conditions trop avantageuses. Le désir du guerrier n’est pas vaincre par chance, mais par grâce à sa valeur. Ainsi la guerre que mènent les hommes politiques n’est pas empêchée par le parlement ; au contraire, c’est le parlement, dans lequel règne –normalement- la politesse et l’intelligence qui donne à ces guerriers le cadre qui leur permet de montrer leur valeur. C’est le respect qu’ils ont les uns pour les autres, qui leur fait préférer attaquer par un beau discours, plutôt que d’assassiner lâchement. La beauté et la grandeur des grands hommes ne peuvent s’exprimer que dans des conditions honnêtes et respectueuses. L’inimitié n’est pas sans respect, et nos ennemis nous importent.

 

Ainsi le respect n’est pas une affaire d’agréable, de gentillesse et d’aide envers l’autre. Il est plus vaste et il dénote plus un intérêt sincère, non pas l’intérêt du stupide raciste pour les noirs, qui pourtant peuvent le préoccuper toute la journée, car le raciste ne veut pas voir que les noirs sont le centre de sa vie. Mais reconnaître son ennemi, reconnaître la valeur de son ennemi, cela fait grandir, cela permet de se surpasser dans le défit de vaincre loyalement. Car si on sait que nos ennemis ne nous veulent pas du bien, on voit bien qu’ils nous forcent par là même à être tirer le meilleur de nous-même

 

Ainsi, nous ne choisissons pas un autre pour peupler nos pensées uniquement selon le plaisir d’être avec lui. Ce serait comme si on ne voulait plus voir que les films dans lesquels il n’y a ni malheurs, ni oppositions, ni personnage mauvais, ni difficulté à traverser.

 

Mais même si nous ne pouvons pas toujours fuir l’adversité, il y a des rapports avec les autres que nous préférons, c’est l’amitié. L’amitié n’exclue jamais l’opposition, au contraire elle recommande de la vivre sincèrement,  autant que faire ce peux, pour ne pas laisser un contentieux nous séparer malgré nous, alors que peut-être il était possible au début de le maîtriser. S’il y a une saine pudeur à ne pas dire tous les reproches, il y a aussi une saine hygiène à ne pas les travestirent. L’amitié se distingue de toutes les autres relations sociales parce qu’elle est voulu, elle est une recherche active de l’autre. On n’est pas ami seulement parce qu’on rigole ensemble, n’ayant rien d’autre à faire de mieux. Certes on rigole avec des gens pour lesquels nous n’avons pas de respect, mais seulement de la politesse et du plaisir partagé. L’amitié quand à elle n’exclue pas le plaisir qui est un ciment doux, mais elle a besoin de pierre solide, d’un respect qui ne s’achète pas mais se donne librement à tout cœur méritant.

 

Mais si le respect est indispensable à l’amitié, il ne lui ne suffit pas. Il faut un miracle bien plus grand que celui du respect pour établir une amitié. Or il s’il faut toujours espérer un miracle, il ne faut jamais en attendre.

 

« Sois au moins mon ennemi », car si je ne sais si le miracle de l’amitié germera entre nous, pourtant, je te vois de grande valeur, toi que j’ose déjà tutoyer car le respect met entre nous non pas une familiarité mais une fraternité, et même si je ne peux te demander de vivre au près de toi comme un ami, car mon cœur se refuse à espérer un aussi grand miracle, je doit déjà te demander d’être mon frère ennemi.

 

Le respect, qu’il soit dû à un ami ou à un ennemi, nous met en présence d’un être de grande valeur, c’est comme une tentation, comme une invitation obligeante à devenir un meilleur soi-même, à se réaliser et à s’accomplir au-delà de ce que nous sommes déjà.

 

Toute amitié commence par le respect, mais l’amitié est si rare, et le véritable respect si impérieux, qu’au moins nous devons nous montrer à sa hauteur et aller chercher ce qui est respectable, sans attendre d’avoir en plus la joie de trouver un ami.

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D
Je te remercie pour ton commentaire sur mon blog, j’ai aussi un faible pour Nietzsche ce qui nous fait je crois 2 points communs en plus d'avoir chacun un blog.
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