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exercices de philosophie
19 mars 2006

Machiavel - Et les hommes hésitent moins à offenser quelqu’un qui veut se faire aimer qu’un autre qui veut se faire craindre;

E li uomini hanno meno respetto a offendere uno che si facci amare, che uno che si facci temere; perché l'amore è tenuto da uno vinculo di obbligo, il quale, per essere li uomini tristi, da ogni occasione di propria utilità è rotto; ma il timore è tenuto da una paura di pena che non abbandona mai.
Niccolò Machiavelli
Il Principe

Et les hommes hésitent moins à offenser quelqu’un qui veut se faire aimer qu’un autre qui veut se faire craindre; car le lien de d’amour est filé de reconnaissance: une fibre que les hommes n’hésitent pas romprent parce qu’ils sont méchants, dès que leur intérêt personnel est en jeu; mais le lien de la crainte est filé par la peur du châtiment, qui ne les quitte jamais.
Nicolas Machiavel
Le prince


Machiavel est malheureusement trop connu par les mauvaises interprétations de son œuvre. Ici, par exemple, il faut bien voir que l’amour dont il parle n’est pas l’amour désintéressé des chrétiens. Il s’agit de l’amour que le prince, celui qui dirige, conquière à force de largesse, c‘est à dire de don ou même de corruption. Mais Machiavel met bien à part cet amour qui est obtenu « par générosité et grandeur d'âme », mais cet amour là n’est pas facile à obtenir, car il n’est pas donné à tout le monde d’avoir une telle âme.
La reconnaissance pour service rendu, l’amitié qu’on achète, ne tiendra pas toujours. Même si les hommes qui la donnent se croient sincères en la donnant. Car en cas de difficulté, ces « amis » ne se mettrons pas en danger pour aider. Car une amitié aisément gagnée est aussi aisément reprise. Des amis, des vrais, on a en peu. On n’a d’ailleurs pas besoin d’en avoir beaucoup si ceux qu’on a sont de vrais amis. Le rôle du prince est de faire agir les hommes, il doit leur donner une direction pour agir. Mais en leur pour obtenir leur aide, le prince leur donne du pouvoir. Celui qui gouverne doit donc trouver le moyen de pousser les hommes à l’aider, sans qu’ils profitent de leurs avantages. Mais un homme n’est jamais aimé par tout son peuple, ni même par tout ceux dont il a besoin. Comment se faire de nombreux alliés, qui ne lui nuirons pas?
Par compassion, et aussi pour paraître bon et s’attirer les faveurs d’autres grands, le prince est tenté de faire toujours preuve de charité, au lieu de forger des épées de Damoclès. Mais il est bien évident que les deux ne sont pas incompatible, on peut se faire une bonne réputation, et ne pas s‘y limiter. Machiavel montre qu’en effet c’est la seule solution, pour qui sait la tenir. Mais comment, dans quelle proportion la tenir?
Si le prince est trop bon, alors il sera faible. S’il est trop généreux, alors il dilapidera les biens publics. S’il est trop fidèle, il se retrouvera contraint par sa fidélité à quelques mauvais choix. S’il est trop humain, on abusera de sa bienveillance. Chaque qualité peut être abusée, il importe donc de ne pas se laisser faire et de résister. Même aux élans du cœur.
Quant aux défauts inverses, on voit bien qu’ils déclenchent haine, révolte, et anarchie.
Le bien est ce qui doit être préféré au mal. Le prince doit parvenir à mettre les hommes les plus influents de son coté, sinon il tombe. Il peut bien tenter seulement de les séduire, mais cela ne durera qu’un temps. Il doit composer avec ces deux façons: séduire, et contraindre.
La séduction, ça évite les attaques franches, mais pas tous les complots. La contrainte, ça évite des complots mais ça fait des révoltés.
Mais quelle façon doit-il préférer? Se faire aimer ou se faire craindre? La réponse de Machiavel est paradoxale : alors que le bien doit toujours être préféré au mal, il vaut mieux se faire craindre si on n’est pas sûr d’être toujours aimé.
La crainte ne dépend en effet que de la force du prince, tandis que l’amour est dans le cœur de ses « alliés ». Mais quand ses « alliés » ne gagnerons plus rien à aider le prince, se souviendront-ils de leur dette? Non, ou bien peut-être, mais il ne faut pas trop y compter. L’homme est généreux quand il peut, mais il n’hésite pas à être méchant quand c’est utile. Et se souviendront-ils de la menace qui pèse sur eux? Oui, et sinon il suffit de la leur rappeler.
Mais ses amis, les vrais, le prince saura-il les reconnaître? Oui, si son cœur est bon, et il n’en aura probablement pas plus que de doigts, surtout en tant que prince. Les autres, la multitude des admirateurs et des agréables, ceux-là sont comme toute foule. Son cœur change avec la mode, elle versera toujours du coté qu’on applaudit, mais fuira devant le bâton dur.
Ainsi, ceux dont l’aide est précieuse au prince sont trop nombreux pour l’aimer d’un cœur pur. Leur amour lui est utile? Qu’il le gagne. Leur fidélité lui est indispensable? Qu’il se l’approprie.

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