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exercices de philosophie
3 juin 2006

Pascal - Qu’est-ce que le moi ?

Qu’est-ce que le moi ?

Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants ; si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non : car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus.

Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on? moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.

Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées.

Blaise Pascal - Pensées (688 - Édition Lafuma, 323 - Édition Brunschvicg)


2006_06_03_Pascal_Qu_est_ce_que_le_moi.doc

La première fois que j’ai lu ce texte, ce qui m’a frappé, ce ne fut pas la difficulté de découvrir le moi, mais plutôt les conclusions sur l’impossibilité d’aimer quelqu’un. Qu’est-ce que le moi ?

Passant dans la rue un homme me voit… mais ce n’est pas moi qu’il cherchait…

Je ne suis pas attendu, c’est par hasard que j’ai rencontré des hommes sur ma route, je n’aurai pas été là, ils auraient vécu, et certainement dans un bonheur semblable à celui que ma compagnie leur a donné.

Mais Untel à qui je plais, est-ce vraiment moi qu’il aime ? Non, un jour bientôt mon corp changera et si je plais encore ce sera par souvenir, ou par concupiscence.

Mais il est bien des choses qui sont moi plus que d’autres, j’ai un caractère, une manière de penser, j’ai ce qu’on appelle des qualités et des défauts ainsi que des compétences. Mais voila, comme mon visage, mon caractère change, et il se peut qu’il change profondement, tellement profondement que celui qui m’a aimé ne m’aimera peut-être plus un jour.

Ressortons un instant du texte, je vois qu’on ne m’attend pas, qu’on m’aime pour des choses qui peuvent changer, mais qu’est-ce que cela m’apprend sur le moi ? Je sèche… continuons, peut-être la réponse viendra d’elle-même.

Où est donc ce moi ? je change, mais pourtant je reste toujours moi-même, enfin il me semble. Je dois être comme cette pâte à modeler, à laquelle on peut donner multiples formes, si bien qu’on ne sait plus si elle est boule, cube, bonhomme ou empreinte de doigts. On aime la pâte à modeler parce qu’elle change, mais quand ayant séchée elle est devenue dure, l’enfant la jette sans vergogne, parce que cette pâte ne peut plus être modelé.

On n’aime pas quelqu’un parce que c’est lui, mais parce qu’il est comme ceci, ou comme cela. On ne sait peut-être pas toujours pourquoi on aime les gens, mais on sent que c’est pour quelque chose.

Alors voila, je peut changer et devenir quelqu’un d’autre au point qu’on ne m’aime plus.

Mais pourquoi on ne m’aimerait pas pour moi, sans tenir compte de mes qualités, d’un amour comme celui du Dieu de Jésus ?

« Hé bien, Jean, attend, et les hommes qui sont si bons t’aimerons sans tenir compte ni de tes défauts, ni de tes qualités, seulement pour «toi»… »

Non, vraiment, il n’y a rien à attendre de ce côté. Ce ne sera jamais que pour la façon dont je suis qu’on m’aimera. Plus encore, je serai injuste demander qu’on m’aime pour moi. Est-ce que moi j’aime les autres toujours, indépendamment de leurs actes et de leurs paroles, suis-je assez fort pour désirer tous les corps, sans tenir compte ni de leur beauté, ni de leur laideur ?

On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.  Et il suffirait que surgisse quelqu’un de semblable à moi, et qui n’aurai pas mes défauts, pour qu’on m’abandonne, et avec raison.

Voila pourquoi, dit Pascal, on a bien raison de se fier aux apparences pour aimer : sur quoi d’autre jugerions nous les gens ? Il nous faut des titres et des accoutrements.

Voila… nous avons vu combien l’amour humain est superficialité, et combien alors la superficialité a de valeur.

Alors je ne sais plus où est ce moi si profond, ce moi qui n’est que moi et qui me rend irremplaçable, ce moi pour lequel j’avais cru qu’on m’aimerai un jour,  hé bien ce moi, au bout du compte, je m’en fou. Il est trop loin, et d’ailleurs, à cela me servirait-il de le connaître, je veux dire de me connaître ? Puisque moi profond et indépendamment de mes manières d’êtres n’est pas ce que les autres, les autres pour qui j’existe,  connaîtrons de moi !

 Mais n’existerais-je pas aussi pour moi, sans avoir à satisfaire les autres ? Mais alors c’est d’un regard extérieur que je me considère, en me mettant à la place des autres, me prenant pour objet. Ce sont encore mes qualités que je juge, et pas mon moi profond.  

Et si l’on me dit : tu es de la pensée, tu es « ce qui veut, ce qui affirme, ce qui sent, ce qui doute » je n’en saurais pas beaucoup plus sur moi. J’en saurais plus sur l’homme, sur l’âme, mais cela ne me dit pas ce que moi, vraiment moi, pas les autres, moi l’unique je suis. Hé bien je ne sais presque rien de plus sur moi-même. Voila pourquoi l’amour est le seul étalons du moi (enfin, ça reste à montrer), et c’est encore un mauvais étalons.

Pourquoi l’amour ? L’amour rend aveugle ! que pourrait-il m’apprendre sur moi ? Et pourtant, bien que je ne sache pas dire pourquoi, il me semble que l’amour (des autres comme l’amour propre) et le seul moyens de m’atteindre, de me toucher, et si ce n’est pas « au fond », ça n’en n’est pas très loin je crois.

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Commentaires
L
"Si vous faites disparaître l'ego, l'ignorance disparaît également. En réalité, même maintenant l'ego n'existe pas. Tous les textes sacrés n'ont pour but que de prouver la non-existence de l'ignorance.<br /> <br /> Mais le visiteur n'était pas encore satisfait, et il demanda : Alors, comment l'ego a-t-il pris naissance ?<br /> <br /> -La question, répondit le Sage, ne se pose pas, parce qu'en fait l'ego n'existe pas. Si vous croyez qu'il existe, il vous faut alors admettre que vous êtes deux personnes.<br /> <br /> Donc, l'ignorance non plus n'existe pas ; elle est tout juste une hypothèse qui nous permet de discuter la vie dans le monde.<br /> <br /> L'obscurité peut-elle exister devant le soleil ?<br /> <br /> L'ignorance pourrait-elle exister en présence du Moi réel ?<br /> <br /> C'est le mental qui crée toutes ces difficultés. L'obscurité ne va ni ne vient.<br /> <br /> Si vous voyez le Moi, vous saurez que l'ignorance, l'ego n'existe pas.<br /> <br /> Nul ne peut nier sa propre existence ; et l'existence est conscience.<br /> <br /> C'est pourquoi en pratique chacun admet la non-existence de l'ignorance, qui est la négation de la conscience.<br /> <br /> Et pourtant chacun souffre, en pensant qu'il est ceci ou cela ; ce qui est faux, parce qu'en réalité il n'est ni ceci, ci cela, il EST, tout simplement.<br /> <br /> Dire : "je suis " est la seule chose juste ;<br /> <br /> dire : "je suis tel et tel, ou je suis ainsi " est faux.<br /> <br /> L'existence est vérité lorsqu'elle est absolue et non déterminée, sous la forme "Je suis".<br /> <br /> Lorsqu'on la particularise, on la fausse.<br /> <br /> Regardez ! Chacun doit admettre son existence, sans besoin de preuves, parce qu'il est conscience." Ramana Maharshi
R
Merci pour cette pensée, aimer c'est tout un mystère. Éros, Philae, ou agape. Ce texte me démontre une grande lucidité mais aussi notre souffrance. Notre solitude. J'ai fais cette démarche, que de m'inspirer de l'amour Agape. Pas d'attente de retour. C’est moins décevant moins blessant, moins triste et surtout moins destructif. Sans vouloir en mettre une de plus, j'ai aussi découvres la foi. Ça fait Kitch mais c'est comme ça. En lisant des textes bibliques, j'ai rencontré des personnages pleins d'amour pour les humains. Un premier qui les crées, donc il les a voulu. Il les appel ses enfants, et ses enfants se révoltent et le rejettent. Les enfants sont tristes et dépourvus sans leur père, mais trop orgueilleux pour l’admettre. Le père le sait et les voit souffrir et il en souffre, Il envoi son seul fils, celui qui est de sa nature habité par l’amour Agape qui est plus fort que l’amour Filia. Ce Jésus qui les récupère et les réconcilie et en plus, il les accompagnent chaque jour par l'esprit Saint qui est un consolateur, avec une promesse de vie claire et lucide après la mort. Pas la réincarnation, mais une résurrection. Pas sur la terre, mais dans un cosmos, un espace céleste et divin, son royaume de paix. Sa motivation sa famille, sa création, son besoin d’aimer d’un amour unique qui lui est propre L'Amour Agape. Lisez dans l'épitre aux Corinthiens chapitre 13. La définition du véritable Amour. Moi ça me parle et ça donne un sens profond aux motifs et à la justification de la folie et de l'histoire de l'humanité. Rien de ce qui est écrit dans cet Épitre ne motive l'humain dans son quotidien. Nos préoccupations sont toute autres. Au fond notre mal est en nous, la convoitise, la concupiscence, la cupidité, je suis au service de moi-même avant quiconque. Merci Blaise de réfléchir, merci mes amis de penser, d'être aussi réfléchit et sensible à la réalité de ce vide qui est en nous et que nous comblons par ce qui est périssable. Il y en un qui aime sans condition ; Blaise le sait bien, il avait la foi, pas la religion. La foi qui appel à la relation intime et qui engendre l’amour Agape.
I
bonjour je dois faire un comentaire sur ce texte mais j'ai un peu du mal a comprendre est ce que qu'elle qu'un serait comment si prendre ?
P
quel es le theme de ce texte ?
Y
Je l'aime. lollllllllllllllllll
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