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exercices de philosophie
12 mars 2006

La bruyère - Parler et offenser, pour de certaines gens, est précisément la même chose.

27 (V)
Parler et offenser, pour de certaines gens, est précisément la même chose. Ils sont piquants et amers; leur style est mêlé de fiel et d'absinthe: la raillerie, l'injure, l'insulte leur découlent des lèvres comme leur salive. Il leur serait utile d'être nés muets ou stupides: ce qu'ils ont de vivacité et d'esprit leur nuit davantage que ne fait à quelques autres leur sottise. Ils ne se contentent pas toujours de répliquer avec aigreur, ils attaquent souvent avec insolence; ils frappent sur tout ce qui se trouve sous leur langue, sur les présents, sur les absents; ils heurtent de front et de côté, comme des béliers: demande-t-on à des béliers qu'ils n'aient pas de cornes? De même n'espère-t-on pas de réformer par cette peinture des naturels si durs, si farouches, si indociles. Ce que l'on peut faire de mieux, d'aussi loin qu'on les découvre, est de les fuir de toute sa force et sans regarder derrière soi.

 

La bruyère les caractères.


 

Il y en a qui ne parlent que par méchanceté. Chacun de leur propos n'a d'autre but que de briser les autres, de leur nuire. Trop souvent ces gens ont de l'esprit, de sorte que l'outil de l'intelligence devient chez eux à la fois une arme et un jouet : ils tirent leur plaisir du déplaisir qu'ils causent, et s'il demande pardon, c'est encore pour amoindrir leurs fautes et pousser l'offenser à croire que c'est de sa faute et qu'ils ont mal interprété ou mal pris des offenses pourtant réel. La gentillesse est chez eux présente pour exciter la pitié, la morale pour contraindre, le savoir pour contredire et le raisonnement pour réfuter.
On peux être tenter de les excuser, de dire qu'il se font eux même du mal. On dira qu'ils sont incompris, que leur désir de puissance provient de leur frustration, que leur attaques sont des vengeances. On voudra leur faire remarquer leur comportement agressif, en espérant les corriger. Ce sera peine perdu, car il retournerons les mots et prendrons prétexte des conseils qu'on leur adressera pour riposter encore. Soit qu'ils jouent d'un coup le rôle de la victime, et demandant alors à ce qu'on leurs donne les plaisirs dont ils sont frustrés, à ce qu'on rende justice à leur vengeance, ils vous entraînent à penser comme eux et à prendre leur parti, ce qui ne pourra que vous nuire et ne les poussera pas à l'action. Soit qu'ils voient dans les reproches qu'on leur fera à la fois la preuve qu'ils réussissent à nuire ( et donc un encouragement à persévérer), et la preuve que l'amour propre qui s'oppose à eux est précisément ce qu'ils cherchent à combattre, et alors leur lutte prendra un caractère morale : il estimerons être les sauveurs, ils s'imaginerons être en voie de libérer l'autre de lui-même, ils verrons dans la défense un argument pour continuer, car ils croiront que -comme en eux - c'est l'amour propre qui se débat.
Ainsi, il n'y a pas d'autre solution que de fuir, et cet abandon c'est pas une lâcheté, mais un courage, car en plus de fuir, il faut oublier l'offense faite, l'éradiquer de votre âme et poursuivre votre chemin sans en tenir compte. Ils sont comme le cancer, on peux regretter qu'ils soient comme ils sont, mais ils ne faut pas s'apitoyer : c'est le début de la défaite. Comme le cancer, il faut les combattre, car les mauvais sentiments qui les guident sont seulement des sentiments qui veulent tuer parce qu'ils n'ont pas le courage de voir qu'il veulent mourir : ces hommes ne sont pas viables, et en plus il sont contagieux, car toujours devant eux notre amour propre offensé ne veut pas seulement se défendre mais se venger; comme eux nous voudrons leur nuire, comme eux nous nous abaisserons en faisant cela, ne cherchant plus la justesse des argument, mais leur force et leur cruauté : il faut les fuir sous peine de devenir comme eux. Le ressentiment qui les guident ne peux avoir de réponse que le mépris le plus pur, le mépris de leur existence même, et si on ne peut fuir, il faut faire comme s'il n'étaient rien, et former autour d'eux une bulle que rien ne peux franchir, car leur venin prendra aussitôt la forme d'un médicament, d'un baume, d'un élixir, leur mots se draperont d'amabilité et de regrets des paroles dites, mais par là ils ne deviennent que plus dangereux, car vous devrez combattre leurs compliments pour combattre leurs insultes, et cela est bien plus difficile et plus douloureux aussi.
En fait, vous pouvez même songer, si votre attitude vous semble antipathique ou injuste, que c'est là le plus grand service que vous pourriez leur rendre, car s'il y a en eux du bon, vous donnerez par votre indifférence à cette partie d'eux encore saine un solide argument pour désirer changer. Car il y a toujours du bon en l'homme, et ce bon contient toujours un espoir de triompher. Vous les verrez peut-être un jour reparaître, transfigurer, mais alors si votre cœurs crois se trouver devant un autre homme à qui vous serez heureux de pardonner ces faiblesses passées, prenez garde que trop de gentillesse et d'indulgence ne les poussent au crime, car la méchanceté est une drogue qu'on peu dominer, mais jamais oublier, et les rechutes seront toujours facilitées par la croyance qu'ils auront de vous avoir pour eux. Et si les geôlier qu'ils peuvent devenir pour garder emprisonner leur naturel ont en vérité du mérite de repousser les séductions que leur propose quotidiennement leur mal pour reparaître, ces geôlier là ne doivent jamais être loué, car leur attention s'évanouira aussitôt.
Pensons aussi au remède de Alain : leur méchanceté peut se retourner contre elle même, c'est un détour difficile à réaliser pour l'amour-propre, mais duquel on peut espérer un peu : ainsi leur geôlier doit être violent et cruel, et ne s'attendrire jamais.

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