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exercices de philosophie
25 mai 2006

Pétrarque - Qui peut dire combien il brüle, est dans un petit feu

Chi puo dir com’egli arde é in picciolo Fuoco

Qui peut dire combien il brûle, est dans un petit feu

 Pétrarque


J’ai trouvé cette citation dans les essais de Montaigne, au chapitre sur la tristesse, dans un passage où il explique de diverses manières pourquoi les passions les plus vives ne sont pas les plus visibles.

Celui qui peut exprimer l’intensité de la passion qu’il ressent ne ressent pas une passion forte.

Il n’est pas ici question de discréditer les passions faibles. Notre âme peut être vue sous deux angles : Action et Passion. Ses action sortent d’elle pour modifier la situation extérieur, et les passions au contraire viennent de la situation pour renter en l’âme. Nous pouvons parvenir à maîtriser nos actions pour aller vers le bien. Au contraire nous subissons les passions (qui peuvent être bonnes ou mauvaises). Nous pouvons seulement chercher à comprendre l’origine de nos passions. Cela nous permettra peut-être de savoir comment agir pour favoriser les bonnes passions. L’action sort de nous pour modifier l’autre, tandis que la passion vient des autres pour entrer en nous.

Une grande partie de notre âme compte, mémorise, travaille sans que nous y pensions. Par exemple, souvent nous marchons sans y penser, alors que nous nous demandons où nous allons. Mais c’est quand même dans notre for intérieur, dans cette salle de répétitions, que nous examinons nos idées avant de les dire. Mais ce for intérieur n’est pas assez grand pour ressentir beaucoup et agir beaucoup en même temps. Quand nous ressentons quelque chose de fort, notre âme est trop remplie, et il ne nous reste plus assez d’ « esprit » pour réfléchir bien à notre manière de nous exprimer : l’action de bien parler est devenue trop difficile. Les émotions nous remplissent tellement qu’elles nous empêchent d’agir.

On pourrai vouloir accuser de mensonge tous les poètes lyriques, dévaloriser leurs mots d’amour et leurs complaintes en disant que s’ils avaient été vraiment émus, ils n’aurai pas trouver la force de parler. Mais il n’en est rien. La poésie est une chose patiemment fabriquée, et il faut un feu bien intense pour en susciter de belles. Mais la poésie (et au fond tous les discours sur les choses importantes qui nous touchent) prennent racine dans l’autre. Parler des émotions, c’est toujours dire ce que l’autre (l’extérieur) nous fait vivre. On reçoit l’autre par la passion, avant de le redonner par l’action. Mais ce sont deux étapes : on ne peut pas espérer donner ce qu’on est en train de recevoir quand on reçoit trop. Il faut d’abord trier, ordonner, corriger les fausses interprétations, les mots trop vite trouvés.

 Au fond le mot ne transmet pas vraiment la passion, l’émotion, il la désigne seulement. Mais par quel mot désigner quelque chose de tellement plus intense que le reste ? Celui qui dit : « j’aime à la folie » n’exprimera pas grand-chose, son visage montrera mieux son sentiments. Et si l’interlocuteur ne voit pas de quoi il parle, l’émotion ne sera pas transmise. Plus encore, une passion mal exprimer devient vite ridicule. La pudeur est le seul refuge de l’âme qui ne sait pas trouver le chemin pour sortir. Il est impossible de transmettre exactement une de nos émotions à quelqu’un d’autre. Alors à chaque émotion il faut apprendre les mots qui l’exprime le mieux. Retrouver les mots sans faire de caricature. Il faut parvenir à retrouver la maîtrise de son âme. Dire une passions trop fort, c’est la dire mal, et nous avons tous appris à taire nos grands sentiments. La sobriété, la simplicité du langage ne permet que de d’exprimer des passions modeste. Un moment d’apaisement au milieu d’une passions forte permet de prendre (consciemment ou non) le recul nécessaire. En trouvant des mots qui expriment la passion plus sobrement, on peut parvenir à la faire ressentir. Mais celui qui veux émouvoir autant qu’il est ému vise trop haut : l’exagération masque la passion dans les mots. Mieux vaut alors se traire, se cacher en attendant un peu d’apaisement. Dans l’apaisement, qui nous rapproche des autres hommes, après que la vivacité nous ais isolé un instant, le souvenir de nos passions peux prendre la forme des mots, car nos passions apaisées sont devenu des passions facile à ressentir.

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Commentaires
J
Il n'y a pas de dichotomie à faire entre apaisement et passion. Quand je parlais de passion, je parlais du fait de ressentir. Dans la passion amoureuse, on confond souvent : la personne aimée, le fait d'être amoureux, et la sensation de l'amour. Ainsi quant j'opposais apaisment et passion, c'était au niveau du ressentis : l'apaisement dont je parlais n'est pas contraire avec le fait qu'on continue à aimer au fond. Il me semble que c'est bien dans les moments où on est le plus calme qu'on parviens à expliquer les choses qui au fond nous touche beaucoup. <br /> <br /> Je dois rectifier : j'avance trop en disant que les passions on l'extérieur pour origine, il est des passions dont la cause est principalement interne.<br /> <br /> Je n'ai pas très bien compris la fin, ni la contradiction ni sa résolution, il me semble que certaines choses se mélangent. <br /> <br /> Quand à la passion déstructrice, armes potentiel à cacher, il me semble que c'est là un sage discours de prudence. Pourtant, je ne vois pas que pour vivre pleinement une passion amoureuse, je ne vois pas qu'on puisse la cacher de bout en bout.
N
je viens de me rendre compte d'une contradiction dans mon commentaire. je dis qu'exprimer la passion est le travail de l'artiste, et donc dans l'idéal de chacun d'entre nous. mais ensuite, je mets en doute l'opportunité d'exprimer une passion. ceci mérite quelque précision. la passion exprimée dans l'art, je la conçois de manière large, qui comprend également la beauté ou la laideur. mais surtout, l'oeuvre d'art (là aussi, sens large) ne vise finalement personne, elle a (ou peut potentiellement avoir) des effets erga omnes, à l'égard de tous, sous réserve bien entendu des divergences de sensibilité personnelle.<br /> là où il est inopportun d'exprimer trop attivement une émotion, c'est lorsqu'elle est plus personnelle, au point de nous fragiliser, comme, je crois, le feu évoqué par pétraque.<br /> les deux cas se recoupent largement. alors il peut être judicieux d'exprimer son émotion, mais pour soit, et d'en reporter l'expression dans son environnement, dans les limites permises par notre probité et nos valeurs. l'émotion pouvant nous fragiliser, son expression à autrui risque d'accentuer cette fragilité. c'est un risque dont il est préférable d'avoir conscience.<br /> (paroles de quelqu'un qui pense qu'effectivement, l'Homme est un loup pour l'Homme).
N
analyse pleine de vérités -- bien qu'exprimées de manière parfois un peu floue. je nuancerais la dichotomie qui semble être faite entre "passion intense" et "apaisement". je ne crois pas que la passion dite intense puisse être chassée par ce qu'on prend pour un apaisement. la passion m'apparait comme trop versatile pour cela. l'apaisement venu, on pense une passion donnée partie, que les évènements de la vie la font réapparaitre, toute aussi vivace. tu parles d'une passion forte. mais qu'est-ce ? celle qui est très forte un court instant ? qu'en est-il de celle, plus sournoise, qui perdure pendant des mois, des années, changeant de forme tel un caméléon ? la première pourra ne consumer que notre surface, tandis que la seconde nous atteindra bien plus profondément (peut-être jusqu'à un point de non-retour ?). "Qui peut dire combien il brûle, est dans un petit feu". mais justement, qui peut dire combien il brûle ?? n'est-ce pas le genre de chose que l'on ne peut valablement analyser qu'a posteriori, une fois que le temps aura fait son habituel travail d'érosion ?<br /> à l'inverse, ne sous-estimons pas le pouvoir des mots. la difficulté des relations réside en partie dans le poids que chacun donne à chaques mots, tournures, etc. exprimer une passion est ainsi difficile (est-ce opportun ? je ne crois pas, mais le sujet n'est pas là), la faire ressentir l'est encore davantage. c'est tout le travail de l'artiste (et donc dans l'idéal, de chacun d'entre nous). je ne crois pas que pour exprimer une passion (et, mais dans une moindre mesure, la désigner) l'on puisse se dispenser de ressentir la passion, ou du moins ses effets, de manière vive, immédiate. c'est ma vision.
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