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exercices de philosophie
1 juin 2006

Pascal - Ecoulement – C’est une chose horrible de sentir s’écouler tout ce qu’on possède.

Ecoulement – C’est une chose horrible de sentir s’écouler tout ce qu’on possède.
Pascal


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Ce qu’on possède, c’est ce qui nous est attribué habituellement par notre société et ses institutions, mais aussi et finalement notre vie : c’est un peu le sens du verbe avoir, quand on dit : j’ai des amis, 23 ans, un travail, des rêves, ou comme on dit : j’ai un ordinateur, le bac et 2 grammes dans chaque bras. On pourrait dire aussi qu’on a notre personnalité.

Mais voila : Souffles de brumes, tout est vain souffle de brume. L’écoulement, c’est le contraire du dur, c’est la mollesse, l’écrasement de l’attraction universelle. On connaît peu de loi simple et universelle, mais cette phrase me fait songer à un principe ( cad une idée qui joue le rôle de prince) de cette science qui étudie les mouvement de la chaleur et de ses énergies. A chaque transformation, la situation est de plus en plus imprévisible, désordonné et donc plate : car sans cohésion aucun parti ne l’emporte. Pour le redire dans les termes de l’ecclésiaste : Toutes choses vont au même lieu ; tout est sorti de la poussière, et tout retournera en poussière. Mais voila : les choses se font et se défont lentement et, face à ce qui se construit chaque jour, beaucoup d’autres sont en train de mourir.

 

Nous ressentons ça. C’est ainsi : nous sommes les témoins souvent impuissants de la destruction du monde, de notre monde. Et ça, cette sensation du temps qui passe et ne revient pas, du temps qui liquéfie tout, qui nous dépossède de tout, même de nous-même, cette sensation-là est horrible. C’est une chose horrible.

 

Mais c’est une chose : je peux faire un instant semblant pour jouer d’être dans un autre monde, un monde où rien ne périrais, mais je ne peux pourtant pas me forcer à ignorer l’évidence : sentir que ce qu’on a s’écoule et nous glisse irrémédiablement entre les doigts, sentir ça c’est horrible, ça crispe jusqu’aux bouts des poils d’insupportable souffrance.

 

Mais suis-je dans l’obligation de faire face à ça ? Tout s’écoule, il y a eu de très belles tentatives pour tenir l’éternel, mais heureusement les géomètres convainquent peu. Même notre image de dieu, même notre adoration change d’objet au gré des modes de notre cœur. Dieu comme mode. Non vraiment je ne peux pas échapper à ça : même le plus intime de nous change. Mais si je peux vivre, faire quelque chose sans y penser, comme on respire, ne puis-je pas éviter de penser à cette chose horrible mais réelle ? Vaste question, j’abandonne… ou mauvaise question peut-être...

 

Et pourtant on possède. Peut être peu de choses, peut être avec fragilité, mais on possède. Si ça s’écoule toujours, ça s’écoule pas toujours vite, et nous avons bien le temps de tirer profit des nourritures de notre terre, cette terre vers laquelle tout reviens mais d’où tout pars.  Nos mains ne sont pas vacantes, ni nos pensées sans objets et l’humanité a construit de beaux endroits pour s’y reposer. Là ou ailleurs on coule parfois de bons jours, arrosé par une pluie d’un soleil inaccessible…

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