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exercices de philosophie
31 mai 2006

Spinoza - ...je jouirais dans l’éternité d’une joie suprême et continue.

1. Postquam me experientia docuit, omnia, quae in communi vita frequenter occurrunt, vana et futilia esse ; cum viderem omnia, a quibus et quae timebam, nihil neque boni neque mali in se habere, nisi quatenus ab iis animus movebatur ; constitui tandem inquirere, an aliquid daretur, quod verum bonum et sui communicabile esset, et a quo solo rejectis ceteris omnibus animus afficeretur ; imo an aliquid daretur, quo invento et acquisito continua ac summa in aeternum fruerer laetitia.
Spinoza – Traité de la réforme de l’entendement

 

L'expérience m'ayant appris à reconnaître que tous les événements ordinaires de la vie commune sont choses vaines et futiles, et que tous les objets de nos craintes n'ont rien en soi de bon ni de mauvais et ne prennent ce caractère qu'autant que l'âme en est touchée, j'ai pris enfin la résolution de rechercher s'il existe un bien véritable et capable de se communiquer aux hommes, un bien qui puisse remplir seul l'âme tout entière, après qu'elle a rejeté tous les autres biens, en un mot, un bien qui donne à l'âme, quand elle le trouve et le possède, l'éternel et suprême bonheur.
Traduction Saisset

 

Lorsque l’expérience m’eut appris que tout ce qui arrive fréquemment dans la vie courante est vain et futile ; quand je vis qu’aucune des choses qui me rendait craintif ne contenait en soi rien de bon ni de mauvais, sinon dans la mesure où l’âme en était mue, je décidai enfin de chercher s’il n’y avais pas quelque choses qui fût un vrai bien, communicable par soi, et par lequel, un fois tous les autres rejetés, l’âme serait affectée ; bien plus, s’il n’y avait pas quelque choses dont, par la découverte et l’acquisition, je jouirais dans l’éternité d’une joie suprême et continue.
Traduction Scala


2006_05_31_Spinoza_Postquam_me_experientia_docuit_....doc

Sage, Spinoza n’attendais pas que ceci ou cela le rende heureux : le monde nous apporte pleins de choses à vivre. Nous sommes parfois heureux de ce que nous vivons, parfois malheureux. Mais toutes ces choses qui peuplent notre quotidien ne sont pas réellement bonnes ou mauvaises, car à la fin tout disparaît. Nous sommes donc ému par des événements qui n’ont pas de but, ni de conséquence importantes. Les craintes ne sont donc pas fondées : combien de fois, enfant, me suis-je effrayé d’un rien ? Combien ai-je ri de mes malheurs, me suis-je inquiété de plaisirs déjà disparus ? Et n’ai-je pas payer aussi d’attente angoissé le retour d’un aimé ? On a coutume de juger les événements en eux même, pourtant celui qui a perdu toute sa famille peut encore rire, tandis que des enfants gâtés se suicident par légions. Non vraiment il n’y a pas une chose dans cette vie qui puisse me rendre toujours heureux, ni toujours malheureux. Pas même la mort, qui n’est qu’un événement vite oublié et jamais senti.

 

Ce ne sont donc pas les choses qu’on vit, mais la manière dont nous les vivons qui décide si elles sont bonnes ou mauvaise pour nous.

 

Voici donc où je me trouve : je cherche la joie, le bonheur. Mais toutes les choses que j’ai rencontrées jusqu'à présent me semblent incapable de me donner un vrai bonheur. Pas un bonheur dont on ne paierait pas le prix par la peur de le perdre par exemple, pas un bonheur factice que j’aurais eu en sacrifiant tous les autres bonheurs, pas non plus un bonheur de chaire qui m’avilirais d’insatiété.  

 

Voici donc la résolution de Spinoza : cherche s’il existe un bien. UN vrai bien qui ne trompe pas, sans revers de médaille. Un bien communicable, qui pourrais se transmettre, se semer dans les hommes. Un bien accessible, pas une utopie. Un bien suffisant, il suffirais alors de rejeter définitivement toutes les autres sources de bonheur, dont on a vue qu’elle étaient surtout charlatanesques. En fait, un bien qui rende heureux, mais pas d’un vague bonheur, pas d’un bonheur endormi de paresseux, pas d’un plaisir violent et agressif. Non, un bien dont je pourrais jouir, un bien qui me procurerai une joie. Non, pas « Une joie », mais La Joie suprême, dont je jouirais toujours dans l’éternité.

Et à sa mort, il avait écrit l'Ethique, qui est sa tentative pour commmuniquer sa méthode pour être heureux.

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