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exercices de philosophie
31 mai 2006

Montesquieu - Quoi ! Monsieur, dit le géomètre, il y a vingt ans que vous ne pensez pas ? Vous parlez pour les autres, et ils...

Quoi ! Monsieur, dit le géomètre, il y a vingt ans que vous ne pensez pas ? Vous parlez pour les autres, et ils pensent pour vous ?

 

Montesquieu - Lettres persanes


 

2006_05_31_Montesquieu_Quoi___Monsieur__dit_le_g_om_tre__il_y_a_vingt_ans_que_vous_ne_pensez_pas.doc

Un géomètre, qui ne parle que calcul et qui néglige d’écouter les autres, se bouscule dans la rue avec un traducteur. Celui-ci lui raconte qu’il vient de finir une traduction d’Horace sur laquelle il travaille depuis longtemps. Le géomètre se moque encore : traduire est une activité secondaire, car elle se réduit à reformuler, en moins bien, un texte qu’on n’a même pas écrit ni pensé.

Quelques instants plus tard, ils se séparent très mécontent l’un de l’autre : Ils n’ont pu se comprendre.

Mais il n’y a que peu des mathématiques à la traduction, les deux font appel à des mécanismes simples, parfois divertissant, mais rarement noble d’âme. Que dit le géomètre ? Des choses assez vraies dans l’ensemble. Mais qu’a-t-il pensé ? Que lui reste-il de ses petits jeu de savants ? Presque rien. Le géomètre n’a rien gagné à critiquer la traduction d’Horace, comme il n’a rien gagné à discuter des trajectoires de projectiles dans le passage précédent. Il paye par sa bêtise future son insolence présente.  Ainsi le géomètre fait comme le traducteur : il reproduit stupidement les formules mathématiques que d’autres avant lui ont découvert,  il popularise des petits savoir généralement inutiles car employés à mauvais escients, et instrumentalise la force de conviction des calculs pour faire des remarques désagréables sur la largeur des allées d’un autre. Non content de s’occuper l’esprit à tromper les autres par de péremptoires syllogismes, il en use pour décrédibiliser une activité pour des raisons semblables à celles qui le décrédibilise lui-même, sans voir ni la vanité de son propos, ni la belle vérité qui jailli pourtant là sous ses yeux : La grande certitude de ses petites vérités l’empêche d’entendre les importants messages de son cœur, qui pourtant le mécontentât pour le faire taire.

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