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exercices de philosophie
9 avril 2006

La Rochefoucauld – L'éducation que l'on donne d'ordinaire aux jeunes gens est un second amour-propre qu'on leur inspire.

261 - L'éducation que l'on donne d'ordinaire aux jeunes gens est un second amour-propre qu'on leur inspire.
La Rochefoucauld – Maximes

 


 

L’amour propre est l’amour de soi même et de toutes choses pour soi. C’est une chose assez étrange en fait, l’amour propre est très actif au fond de nous mais souvent caché à nos propres yeux. Pour La Rochefoucauld l’amour propre c’est un peu comme un inconscient qui, par amour de nous-même, nous montre tout -le monde, les autres et nous-même- de la façon dont nous avons besoin de les voir.

 

Et l’éducation, qu’est-elle ? À priori tout le contraire du point de vu des « jeunes gens ». On contrarie leur souhait, on leur fait voir leurs insuffisances et leurs défauts, bref, on leur met sous le nez tout ce qu’ils ne voudraient pas voir d’eux-mêmes. De plus cette éducation est visible, subie et extérieur à eux.

 

Mais l’éducation, ce n’est seulement le fait d’éduquer, d’agir pour améliorer l’enfant. On appelle aussi « éducation » le produit de ces actions. Quand on dit par exemple de quelqu’un qu’il a une « bonne éducation », ça veut dire qu’il se comporte bien, selon les règles de la politesse, de la courtoisie, de la bienséance. Ça veut dire aussi qu’il a une certaine culture, qu’il ne fait pas « mauvais effet », qu’il sait se tenir, qu’il a même une certaine classe. Autant de mots qu’on aurait bien du mal à définir : l’éducation qu’on a, c’est tout un arts compliqué, riche et savamment ornementé de bien paraître. Dans ce sens, avoir de l’éducation, c’est savoir se comporter devant les autres, dela même façon que devant nos parents ou éducateurs, et c’est savoir le faire sans réfléchir, « instinctivement », par réflexe conditionné. Et il me semble que c’est justement en ce second sens que le mot est ici employé. Donner l’éducation c’est donc éduquer.

 

Mais d’où vient que nous respectons au quotidien ces règles de savoir-vivre ? Certainement pas de ce qu’on se les remémore chaque fois. Non, ce sont des habitudes, ça vient de plus profond, d’un endroit caché au fond de nous-même. Un endroit qui nous contrôle plus que nous le contrôlons, puisque nous avons milles peine à modifier une habitude. On peut dire que cette force nous pousse toujours à respecter les règles sans même que nous y songions et qu’elle attend toujours le meilleur de nous-même. Mais qu’est-ce que ce « meilleur de nous-même » ?

 

Pour cette force, pour notre éducation, le meilleur c’est de respecter les règles de la vie ensemble, c’est à dire de respecter les règles qu’on nous a inculqué lors de notre éducation. Avoir de l’éducation, c’est donc s’aimer en tant qu’on a été éduquer, c’est aimer notre éducation.

C’est un fait nous nous aimons, que nous avons de l’amour propre. Mais comme nous vivons en société, il faut aussi se faire aimer. Pour ça, il faut contrebalancer notre amour égoïste de nous-même, pour nous obliger à paraître aimable, c'est-à-dire tel que les autres pourrons facilement nous aimer. Il faut créer en nous une force qui n’est plus un amour de nous pour nous, mais un amour d’être aimé. C’est la raison pour laquelle on nous inculque, on nous inspire une autre force en nous : l’éducation. Cette force est de même nature que notre amour propre, seulement on voit plus facilement d’où elle vient car nous avons été témoin de notre éducation, même si à l’époque nous n’en comprenons pas vraiment la signification.

Alors que notre amour propre nous pousse à nous satisfaire nous-même, l’éducation nous pousse à satisfaire les autres, à être comme ils attendent qu’on soit. Et même si l’éducation au moment où on la fait semble claire, elle entre au plus profond de nous, si bien que souvent nous ne savons pas très bien si nous sommes aimable par sincérité ou par protocole. Elle est omniprésente et si il parait assez facile de ne pas suivre notre éducation, c’est plus ou moins parce que notre premier amour propre, le vrai, reprend le dessus.

Mais ayant dit tout cela, il me semble qu’on ne voit plus que c’est précisément sur notre véritable amour propre et sur le désir que nous avons que les autre nous aiment du même amour afin qu’on soit plus sûr d’avoir raison de s’aimer, que c’est sur ce premier fondement que ce bâtit notre éducation. Notre éducation, en ce sens, c’est l’effort, que fait notre amour propre pour apprendre les règles selon lesquelles il pourra nous évaluer : notre éducation c’est l’amour des autres pour nous qui vient prolonger dans son rôle de guide notre amour de nous même. Mais là ce n’est plus La Rochefoucauld qui parle.

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