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exercices de philosophie
22 mars 2006

Aristote - C’est pourquoi, s’agissant de la politique, on n’est pas un auditeur approprié lorsqu’on est jeune.

Ἕκαστος δὲ κρίνει καλῶς ἃ γινώσκει, καὶ τούτων ἐστὶν ἀγαθὸς κριτής. [1095a] (1) καθ᾽ ἕκαστον μὲν ἄρα ὁ πεπαιδευμένος, ἁπλῶς δ᾽ ὁ περὶ πᾶν πεπαιδευμένος. διὸ τῆς πολιτικῆς οὐκ ἔστιν οἰκεῖος ἀκροατὴς ὁ νέος· ἄπειρος γὰρ τῶν κατὰ τὸν βίον πράξεων, οἱ λόγοι δ᾽ ἐκ τούτων καὶ περὶ τούτων· ἔτι δὲ τοῖς πάθεσιν ἀκολουθητικὸς ὢν (5) ματαίως ἀκούσεται καὶ ἀνωφελῶς, ἐπειδὴ τὸ τέλος ἐστὶν οὐ γνῶσις ἀλλὰ πρᾶξις. διαφέρει δ᾽ οὐδὲν νέος τὴν ἡλικίαν ἢ τὸ ἦθος νεαρός· οὐ γὰρ παρὰ τὸν χρόνον ἡ ἔλλειψις, ἀλλὰ διὰ τὸ κατὰ πάθος ζῆν καὶ διώκειν ἕκαστα. τοῖς γὰρ τοιούτοις ἀνόνητος ἡ γνῶσις γίνεται, καθάπερ τοῖς ἀκρατέσιν· (10) τοῖς δὲ κατὰ λόγον τὰς ὀρέξεις ποιουμένοις καὶ πράττουσι πολυωφελὲς ἂν εἴη τὸ περὶ τούτων εἰδέναι.
Ἀριστοτέλους
Ἠθικὰ Νικομάχεια
- Βιβλίον Ι

 Aussi le jeune homme n’est-il pas un auditeur bien propre à des leçons de Politique, car il n’a aucune expérience des choses de la vie, qui sont pourtant le point de départ et l’objet des raisonnements de cette science. De plus, étant enclin à suivre ses passions, il ne retirera de cette étude rien d’utile ni de profitable, puisque la Politique a pour fin, non pas la connaissance, mais l’action.
Traduction J.Tricot

C’est pourquoi, s’agissant de la politique, on n’est pas un auditeur approprié lorsqu’on est jeune. Car (a) on n’as pas l’expérience des actions que suppose l’existence, alors que les argument sont tirés d’elles et portent sur elles ; (b) de plus, enclin par ailleurs à suivre ses affections, [5] on vas écouter en vain et sans profit, dès lors que la fin n’est pas la connaissance, mais l’action.
Traduction R.Bodéüs
Aristote
Ethique à Nicomaque


Aristote cherchait un peu avant ce passage le bien réalisable. Il remarque qu’on fait souvent une chose en vue d’une autre. Comme on téléphone pour prendre rendez-vous. On prend rendez-vous pour passer un moment avec quelqu’un. On passe un moment avec quelqu’un parce que ça rend heureux. Il cherche ensuite quelle connaissance permet de réaliser ce bien. Or il remarque aussi que certaines connaissances ont pour but d’organiser les autres actions, comme l’architecte organise les éléments d’une maison. Donc la connaissance qui permet de réaliser le bien de tous, c’est celle qui permet de savoir qui doit faire quoi pour être heureux. C’est ce qu’il appelle la politique.

Aristote, à la fin de ce préambule tient à ne pas laisser n’importe quel lecteur s’imaginer qu’il comprend. C’est pourquoi il rappelle que pour bien juger, il faut connaître le domaine qu’on juge. Donc un bon juge, en politique, c’est quelqu’un qui est bien éduqué sous tous rapports, puisque la politique concerne tous les domaines.

« C’est pourquoi, s’agissant de la politique, on n’est pas un auditeur approprié lorsqu’on est jeune »
Le message est clair : non seulement les jeunes ne doivent pas s’occuper de politique, mais il ne doivent même pas en entendre parler. Pourquoi ? Manque d’expérience et émotivité exacerbé.

Naissant, nous ignorons tout. Puis dans l’enfance nous apprenons les principaux gestes de la vie, manger, parler, se tenir. A la fin de l’enfance nous acquérons la capacité de vivre en société, de choisir nos gestes et nos paroles en tenant compte de la personne à qui nous parlons, de ses connaissances, de ses désirs et de ses convictions.
A ce moment on est apte à comprendre le sens des mots utilisé dans un discours de politique. Mais on ne connaît encore rien des affaires de la vie. On est comme un enfant qui sait lire mais n’as pas lu de livre. Comme un scientifique qui ne fait pas d’expériences Comme un jeune diplômé qui connaît tout mais ne sait encore rien faire. On sent qu’on est près à juger et on se trompe de peu.
Jeune, on ne connaît pas les choses dont parle la politique. On écoute parler politique et on entend sans comprendre assez pour pouvoir décider. Or la politique est l’art de décider pour la cité, et on perdra son temps écouter sans pouvoir agir.

Mais on dira qu’on ne perd rien à écouter, que cela enseigne à comprendre et à décider. La politique est passionnante : les problèmes dont elle parle sont les plus haut, les plus graves et les plus enivrants de puissance. Mais la jeunesse, elle ne sait pas contenir ses passions. Ce sont les passions qui guident la jeunesse, quand ce n’est pas l’éducation.
Aristote ne développe pas aussi loin qu’il sous-entend. Les jeunes ne perdraient pas grand-chose à écouter les discours de politique, s’ils se souvenaient que ce n’est pas à eux, mais aux hommes mûrs d’agir. Le danger n’est pas seulement qu’ils ne comprennent pas. C’est qu’ayant compris de travers, il agissent malgré l’interdit, et agissent mal. Et agir sans comprendre, sous le flot des passions, c’est s’exposer à toutes les bêtises. Toutes les guerres se sont faites ainsi, en convaincant les plus faciles à convaincre, et les plus impulsifs.

Ainsi le bien de tous passe, selon Aristote, par l’exclusion des conversations politiques des immatures et des émotifs. Il convient de noter que dans la fin de la phrase, il souligne que le mot jeune n’est pas pris dans un sens strictement temporel, mais comme une incapacité à rationaliser les désirs et les passions.

 

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